Le Festival de jazz de Montreux s’est ouvert un jour en avance… avec une soirée «vintage».
Charles Lloyd, invité prestigieux de la première édition en 1967, était de retour ce jeudi soir.
L’énergie, la subtilité et la malice du saxophoniste américain nous valent un superbe début de soirée.
En présence d’invités illustres (René Langel – le nonagénaire Neuchâtelois d’origine, cofondateur du Festival a bénéficié d’une ovation et de clins d’œil appuyés du soliste; Alain Berset, Béatrice Métraux, entre autres), le jeune homme de 78 ans a régalé l’assistance en présentant un set de très haut niveau, mettant également en valeur les musiciens qui l’accompagnaient.
J’ai été séduit par la variété des tempi et des genres, ainsi que par la qualité des partenaires du saxophoniste. Une très belle surprise!
Après une demi-heure d’entracte permettant d’installer la scène pour le pianiste jamaïcain, place à Monty Alexander.
L’idée est de célébrer les 40 ans de son fabuleux concert de 1976. Il commence donc en trio avec Feelings, dont il rappelle que c’était alors considéré comme une bluette sirupeuse. Night Mist Blues suit pour raviver le souvenir, tout comme Work Song…
Force est toutefois d’admettre qu’on ne convoque pas la magie. J’avais déjà entendu Monty à Cully en 2012 pour célébrer ses 50 ans de carrière. Les deux fois, la partie «souvenir» laisse un peu l’auditeur sur sa faim, sans qu’il y ait rien à reprocher à qui que ce soit. La spontanéité n’est tout simplement pas là et on se rend alors mieux compte du «miracle» qui s’est produit il y a 40 ans.
Dans le documentaire More Than Jazz diffusé dans la nuit de dimanche à lundi sur Arte, le pianiste parle de ce concert et affirme que John Clayton, Jeff Hamilton et lui n’avaient pas répété auparavant; à l’écoute du concert, j’ai quand même quelques doutes, même si celui-ci éclate de spontanéité et d’enthousiasme. Le documentaire sera diffusé par la RTS jeudi à 23h40.
Après quelques morceaux, Monty Alexander change de répertoire et de nouveaux musiciens viennent enrichir le plateau. On part alors pour les Caraïbes. C’est plein d’énergie et assez sympathique.
Pour finir, le saxophoniste Ron Blake rejoint la scène… et, cette fois, je n’ai pas de peine à croire que les musiciens n’ont pas eu le loisir de répéter. C’est donc un exercice assez compliqué pour le Porto Ricain, qui fait cependant preuve de son génie par intermittence, dans un répertoire qui n’est pas vraiment le sien.
Vu l’heure tardive, j’ai dû quitter la salle prématurément… après avoir vécu une sympathique soirée!