Le hasard d’une écoute de playlist triée aléatoirement — si ça a un sens ? — m’a fait écouter à bref intervalle deux versions d’un même morceau.
Dans le jazz, la prédominance de standards rend la chose assez courante. Ce qui l’est moins, c’est qu’il s’agissait des mêmes musiciens, captés dans les mêmes conditions au même endroit.
[mars 2021] La suite de l’article a disparu. J’essaie d’en restituer l’idée…
Un premier double album des concerts donnés en mars à Copenhague par Stan Getz avec Kenny Barron avant sa disparition le 6 Juin 1991 a été publié présentant les meilleurs extraits choisis par le saxophoniste lui-même.
Le coffret People Time The Complete Recordings contient l’enregistrement complet.
En compagnie de Kenny Barron, Stan Getz renouvelle une expérience de dialogue qui avait déjà porté ses fruits en 1975 avec Jimmy Rowles. Il faut pour cela un compagnon non seulement attentif mais attentionné. Kenny Barron remplit à merveille cette fonction et même plus. Sensible, vif, pertinent, il appartient à la lignée prestigieuse de « solistes » et « accompagnateurs ».
Stan Getz adorait ce pianiste et lui a laissé une liberté d’expression totale. D’évidence, il souhaitait que s’épanouisse la créativité d’un grand pianiste et que la sienne propre saisisse l’occasion de prendre appui sur ce formidable tremplin et de se laisser porter par lui. Dans cet esprit, Stan Getz a insisté pour que les deux musiciens soient crédités « à égalité »…
La magie de l’enregistrement réside dans un placement parfait des micros par les ingénieurs du son de la radio danoise.
On distingue le souffle de Stan et celui du léger de l’impact des clefs lorsqu’elles ferment un trou du sax : on y est !
Son surnom « The Sound » est d’autant plus vrai alors à la fin de sa vie, son souffle n’étant plus suffisant, on sent parfaitement qu’il joue avec son âme et son cœur.
Quatre soirées ont été enregistrées, représentant sept sets, car Stan Getz n’a pas été en mesure d’assurer le second set de la dernière soirée (6 mars 1991). Logiquement, la plupart des morceaux figurent en plusieurs versions… et c’est passionnant. On assiste au cheminement de la création, basée évidemment sur un solide socle d’improvisation.
Mon morceau préféré est First Song, écrit par Charlie Haden pour son épouse Ruth. Les musiciens en livrent trois versions. Observez l’évolution d’une soirée à l’autre !