Samedi 9 novembre, par un temps de saison, je suis retourné à Lucerne. Après avoir goûté au confort acoustique et visuel du KKL avec Andris Nelsons et le Gewandhausorchester de Leipzig, j’ai décidé de m’offrir un concert avec Martha Argerich!
Le concert s’inscrit dans une tournée proposée par Migros Classics qui en profite pour promouvoir de jeunes interprètes domiciliés en Suisse. Nous entendons ainsi en ouverture Valentine Michaud et trois autres jeunes saxophonistes. Après un subtil Sarajevo de Guillermo Lago, le quatuor a enchaîné avec un épatant Tango virtuoso de Thierry Escaich.
L’Orchestre de l’Académie Sainte Cécile joue d’abord l’Ouverture d’Euryanthe avec une belle énergie… limite excessive. C’est du Technicolor (pour parler un langage d’une autre époque), la gestuelle de Sir Antonio Pappano est plutôt emphatique, quoique assez élégante. L’exécution est clinquante et comme je manque de référence, j’ignore si c’est un travers des interprètes ou une volonté du compositeur, Carl Maria von Weber. Disons que j’aurais apprécié davantage de nuances… dans la lignée de tant de concerts que le KKL a abrités (Abbado, Nelsons,… on peut toujours rêver!)
Martha Argerich entre en scène ensuite pour une belle interprétation du Concerto pour piano n° 1 de Franz Liszt. Le programme initial prévoyait le concerto de Chopin, mais la pianiste a souhaité opérer cette modification. J’ignore pour quelles raisons… mais l’orchestre et son chef collent peut-être mieux à ce choix ! Les mouvements s’enchaînent spectaculairement. Le Scherzo étant le meilleur moment de l’interprétation : Martha Argerich peut y exposer son exceptionnel toucher (quelles mains!) dialoguant avec le triangle placé sur l’avant-scène, avant que le l’œuvre s’achève dans une grande frénésie.
Après des applaudissements à la hauteur de la performance, la pianiste offre un bis : la 7e Scène d’enfant de Robert Schumann (Rêverie) dans une interprétation d’une infinie douceur conclue par un clin d’œil malicieux au public.
Après la pause, l’orchestre reprend possession de la scène pour interpréter la Symphonie n° 2 de Robert Schumann. À mon goût de profane, pas trop fan du compositeur, l’exécution manque encore une fois de nuances, ça me semble trop clinquant, rarement inspiré. Mais comme je manque encore de référence, j’ai voulu confronter l’exécution avec une autre et, dans le train de retour, j’ai écouté la version d’Abbado avec son Orchestra Mozart capté lors d’un concert à Vienne… Disons que cela a conforté mon impression !
En bis, j’ai pu encore profiter d’une très belle interprétation d’Italiana de Respighi par les cordes de l’orchestre sous une direction plus inspirée. Magnifique conclusion !